Enjeux de la logistique international Comment assurer les échanges en temps de crise ?
CONFERENCE DEBAT
Selon l’OMC, en 2020, le volume du commerce mondial a augmenté de 4 %. On pourrait alors dire que le commerce international et sa logistique ont encore de beaux jours devant eux !
Au regard de cette importante stratégique du secteur de la logistique, elle occupe une place choix dans l’offre de formation de Sup’Management, qui ambitionne de mettre sur le marché des diplômés outillés et capable d’apporter des solutions innovantes dans le secteur pour le ravitaillement du marché malien.
Dans cette perspective, l’école a abrité, le jeudi 16 février 2023, une conférence-débat sur « Les défis de la logistique internationale », avec deux panels intitulés comme suit :
Panel 1 : État des lieux du secteur de la logistique internationale malienne ;
Panel 2 : Assurer les échanges dans un contexte de crise multiformes (sanitaire, sécuritaire, économique et politique).
Enjeux de la logistique internationale pour Sup’Management
Le commerce international, composé des importations et des exportations, représente environ 60 % du PIB mondial. Pour réussir dans l’environnement du commerce international parfois féroce, la gestion de la logistique est un des éléments clés du succès ou au contraire, de l’échec.
La particularité de la fonction logistique à l’internationale vient du fait qu’elle joue un rôle fondamental dans la réussite et la performance du commerce international. La maitrise de tous les ressorts sera un atout majeur.
La logistique internationale est un vaste domaine qui se définit par la gestion et la coordination des activités d’importation et d’exportation. Elle inclut différents métiers dont l’objectif est commun : acheminer des marchandises d’un point A à un point B dans les meilleures conditions et délais, à travers le monde.
L’enjeu principal de la logistique internationale est la satisfaction du client final. Mais pour arriver jusqu’à cette situation, des objectifs sont à atteindre : les articles doivent arriver en parfait état, au bon moment, au bon endroit et à moindre coût.
Une logistique internationale bien maîtrisée pour votre activité à l’international doit vous aider à : – Respecter les attentes des clients ;
– Réduire les difficultés de livraison ;
– Vous conformer à la réglementation des différents pays.
Les panelistes étaient : M. Malick KASSE (Conseillé Technique au Ministère du Transport et des Infrastructures), M. Rémy AMAVI (Responsable résident du groupe BOLLORE Transport Logistics, Mali), M. M’Bodji TOURE & M. Abdoul Karim TRAORE (Conseil Malien des Chargeurs) et M. Ibrahima Bantiéni DIARRA (Représentant du Port Autonome d’Abidjan au Mali).
Pour rappel, cette conférence – débat a été organisée par le bureau des étudiants (BDE) au travers du club « Sup’TALKS » et les Directions Techniques de Sup’Management à l’attention des étudiants de la filière « Logistique & Transport ».
Les panélistes ontt rappelé que le Mali, pays sans littoral ou encore pays de l’«interland » loin d’être enclavé (ONU., (1999)) 1, occupe une place de choix dans la sous-région tant par sa superficie que de son poids commercial dans l’espace UEMOA.
Selon M. Malick KASSE, le Mali se situe à la croisé des chemins et dispose de sept (07) corridors qui lui permirent d’acheminer sept (07) millions de tonnes de fret en 2021. Selon les dernières statistiques en dates, le corridor sénégalais, encore appelé corridor naturel du Mali, représentait à lui seul 65% du flux des échanges, le corridor ivoirien 20% et les 15% restants repartis entre les corridors du Togo, du Bénin, du Ghana, de la Guinée Conakry et de la Mauritanie. Il a rappelé que les accords avec la Guinée et la Mauritanie datent depuis la période des indépendances. Aussi, le Mali comme l’ensemble des pays africains est signataire de la convention de New-York de 1965 qui oblige les pays côtiers à réserver des couloirs transit aux pays de l’interland.
Au tour des membres consulaires du CMC d’évoquer leurs missions et le travail abattu chaque jour sur l’ensemble des chaines des sept (07) corridors pour suivre l’évolution des tarifs. Ils pointent du doigt des tracasseries administratives sur les corridors et le racket systémique sur certains autres. A cela, s’ajoute des systèmes informatiques douaniers non harmonisés dans l’espace UEMOA (qui complique davantage le travail des chargeurs). Il faut également signaler la difficulté de balisage de camions par les transporteurs rendant quasi impossible le suivi de bout-en-bout des chargements. Et enfin, ils ont déploré l’état peu envieux des routes, surtout celles du Mali. Il ressort d’une étude menée par le CMC que l’investissement dans les infrastructures de transport représentent moins de 4% du PIB du Mali.
- Rémy AMAVI, mis l’accent sur l’impact des différentes crises sur les affaires. Tout en saluant les efforts des FAMA (Forces Armées Maliennes) sur le terrain qui permettent aujourd’hui de maintenir le trafic vers les régions du septentrion malien à travers des opérations d’escortes, il plaide pour une analyse et une stratégie d’ensemble qui prend en compte les délais de boucle des armateurs et aussi de ne pas considérer les camions sur le chemin « retour » comme de simples conteneurs vides, mais comme partie intégrante de la chaîne logistique. Toutes choses qui permettent de réduire le coût économique des marchandises pour le consommateur final. Il saisit cette opportunité d’insister auprès de M. KASSE sur la nécessité d’adopter des stratégies proactives et que la diversification des corridors et leurs redynamisations restent la seule voie pour garantir l’approvisionnement en biens pour le Mali.
- Ibrahima Bantiéni DIARRA, quant à lui évoqua le problème de congestion au port autonome d’Abidjan qui rencontre de sérieux défis par rapport à la manutention du fret. A ce niveau, les transporteurs maliens font face à un problème de stationnement en vue de pouvoir récupérer les conteneurs à destination du Mali. Aussi, il expliqua par la même occasion, les quiproquos entre les transporteurs maliens et les autorités ivoiriennes par rapport au respect du « Règlement N°14/2005/CM/UEMOA2 relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises ». En termes de statistiques, le port autonome d’Abidjan enregistre une baisse notable du flux de marchandises maliennes passant en 2019 de 790 000 tonnes à 722 000 tonnes en 2020 et à 688 000 tonnes en 2021.
Momentum :
- Malick KASSE, Conseillé au Ministère du Transport et des Infrastructures : « Le Mali est un eldorado, nous avons la terre, nous avons l’eau, nous avons le soleil, sans compter nos ressources minières ; ce ne sont pas tous les pays qui ça. Quel que soit la politique sectorielle, qu’il s’agisse de l’agriculture, du commerce, de l’industrie la logistique demeuree au cœur des défis ».
- Rémy AMAVI, Bolloré Transport Logistics – Mali : « Aujourd’hui, le défis à relever est d’aller vers l’innovation dans la logistique, en intégrant, en acceptant que soit intégré à la chaîne logistique les nouvelles méthodes de digitalisation. C’est ce que nous devons inculquer aux apprenants qui occuperont les postes de décision ».
- Abdoul Karim TRAORE, Conseil Malien des Chargeurs : « Nous, les logisticiens, apportons des solutions aux problèmes ; notre objectif est d’identifier les contraintes et y apporter des solutions. Ces solutions sont mises en œuvre avec le concours des compairs, des transporteurs et de l’Etat ».
- Ibrahima Bantiéni DIARRA, Représentant du Port Autonome d’Abidjan : « Aujourd’hui au niveau du Port Autonome d’Abidjan, nous appliquons la politique dite 20/80, c’est-à-dire proposer des contrats d’exclusivité aux 20 entreprises qui réalisent 80% du trafic malien pour faciliter leurs transactions et leurs procurer des avantages non accessibles aux clients moyens ».
Les perspectives :
Pour le développement du transport au Mali, le gouvernement envisage plusieurs mesures et de grands projets d’infrastructures sont en études. En effet, se rendant compte des défis du maillage de la chaîne d’approvisionnement du Mali, les départements de tutelle travaillent à la redynamisation des sept (07) corridors de transit, au développement du transport multimodale avec la relance du train de marchandises sur l’axe Bamako – Dakar et un projet de réalisation d’une ligne ferroviaire Bamako – Conakry serait sur la table des deux gouvernements. Le Mali va encore plus loin et est en pourparlers avec le gouvernement de Conakry en vue d’obtenir un espace pour la réalisation d’un port sec malien en territoire guinéen.
Des solutions à moyen terme ont également été trouvées par le gouvernement du Mali avec la réalisation de deux Ports Secs à Kati et à Faladié (sur la route de l’aéroport).
Une proposition est également sur la table du gouvernement avec un projet de création de nouveaux Ports Secs à Kayes et à Sikasso.
Le secteur de la logistique a encore de beaux jours devant lui car celle-ci fait désormais partie intégrante des moyens de résilience de nos sociétés et contribue à elle seule à plus de 80% des échanges commerciaux internationaux.
Avec les nouveaux défis et les crises multiformes auxquels le monde entier fait face, les logisticiens sont plus que jamais dans l’histoire et sont amenés à jouer des rôles de premier plan pour trouver et mettre en place des mécanismes de résilience et conduire les stratégies d’adaptation des sociétés.