Discours de Mamadou Habib DIALLO, Ph.D, Directeur Général de Sup’Management lors du lancement de Sup’Incub
Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants,
Distingués invités,
Cela pourrait s’apparenter à un pléonasme, mais je ne peux résister au besoin pédagogique de rappeler que nous sommes dans un monde où « le changement est la seule constance ». L’un des changements de paradigme, majeur celui-là, est l’acception par tous de la fin de l’Etat providence ; l’Etat pourvoyeur d’emplois, l’Etat distributeur de sécurité sociale. Cette époque, je le crains, est révolue.
Pour s’en rendre compte, il suffit de lire pendant une minute l’actualité du monde. Un monde où les gouvernements des économies réputées les plus solides sont harcelés par la demande sociale tous azimut, une demande aux accents de révolte et parfois de désespoir.
Madame Roby- dont je voudrais saluer ici l’enthousiasme et le sens de l’action, soulignait tout à l’heure cette forme de génération spontanée d’incubateurs au fil des années, et qui s’apparente, en effet, à un effet de mode. Je dis bien « s’apparente », car dans le fait, ce n’est pas tant un effet de mode qu’une prise de conscience.
En effet, l’éclosion des incubateurs s’inscrit dans un contexte global d’une prise de conscience de la nécessité de trouver des réponses alternatives à la problématique générale de l’emploi, et de l’emploi des jeunes en particulier.
C’est une question pressante. Brûlante même. Et nul ne peut prétendre avoir une solution unique, uniforme, et invariablement opérationnelle partout. D’où l’opportunité et la pertinence des partenariats entre le public et le privé, notamment entre entrepreneurs, banques, investisseurs, gouvernements, partenaires au développement au niveau bilatéral et multilatéral etc.
Les entrepreneurs ont besoin de capitaux, tandis que les banques, pour réaliser des marges, sont à la recherche de projets d’entreprise à risque minimal et au retour sur investissement optimisé.
Quant à l’Etat, il a vocation à créer un environnement des affaires qui soit attractif pour soutenir son économie et optimiser ses recettes fiscales. Pour ce qui est des partenaires au développement, ils ont aussi intérêt à ce que nos économies soient performantes, d’abord parce que nous sommes des marchés d’écoulement où les entreprises internationales réalistement l’essentiel de leur chiffre d’affaire, et ensuite parce que c’est dans l’intérêt de tout le monde que nos jeunes puissent trouver ici le travail, j’allais dire l’espoir, qu’ils vont chercher en Europe et en occident, parfois à la nage, et dans des conditions le plus souvent dramatiques.
Sans prétendre être une panachée, le label Sup’Incub se veut justement une réponse aux besoins de chaque acteur, en les réunissant tous autour d’un intérêt commun, et en créant les conditions d’une mutualisation réussie des efforts.
Si nous tirons chacun dans la direction de son choix, nous n’irons nulle part. L’avenir de l’entreprenariat des jeunes est dans la synergie d’action, c’est-dire-à-dire des partenariats comme celui qui permet aujourd’hui à l’Université ASU, basée en Lituanie, de concevoir une machine à fourrage pour bétail, exploitée par l’entreprise ECO 3 Fermes, ici au Mali, et grâce au concours de Sup ’Mangement. C’est un exemple concret de partenariat public privé entre le Ministère des Affaires Etrangères de la Lituanie, l’Université ASU, Sup ’Management Mali et l’entreprise Eco 3 fermes. Ce pilote démontre de quelle façon pragmatique il est possible de faire face aux défis de notre jeunesse, en conciliant réussite commerciale et développement social inclusif.
La seconde raison fondatrice de Sup’Incub est que cet outil traduit en action notre vision et notre vocation fondatrice, c’est-à-dire former des cadres d’entreprises qui soient polyvalents, hautement qualifiés et surtout dotés d’une mentalité d’entrepreneur, et non d’une mentalité d’employé, en définitive, à Sup ’Management, nous sommes conscients de ce que l’Etat providence, comme seul pourvoyeur de solution d’emploi, n’est pas une option viable. Et ce qui n’est pas viable n’est pas soutenable à long terme, naturellement.
Troisièmement, cet incubateur nous permettra d’amorcer une transition majeure : celle du passage de l’enseignement vers l’apprentissage, autrement dit, vers la pédagogie active. En effet, si l’entreprenariat peut s’appréhender sur les bancs, il s’apprend véritablement sur le terrain, à l’épreuve de la confrontation avec le réel, où les jeunes entrepreneurs sont appelés à se poser des questions clés dont les réponses déterminent la viabilité ou non de leur projet.
Quel est le produit ou le service que je veux vendre ? Quel est mon marché ou mes segments de marchés ? Quelle est ma proposition de valeur ajoutée spécifique ? Quel est mon argument de vente unique ? Qui sont mes compétiteurs ? Quel sont mes avantages comparatifs en terme d’approvisionnement en matière première, et quels sont mes avantages concurrentiels, notamment en termes d’innovation dans les services ? Quelle est ma stratégie de capitalisation ? Autrement dit, où vais-je trouver les ressources financières nécessaires au développement de mon entreprise ? De quel fonds de roulement ai-je besoin ? Si je suis devant le banquier, ou une tierce personne apporteuse de capital risque, quelle promesse de retour sur investissement vais-je pouvoir lui vendre ? Tous ces questionnements sont nécessaires à l’affirmation d’un projet, disons à la conversion d’une idée d’affaire en un plan d’affaire réaliste et bancable, et c’est exactement en cela que réside la vocation d’un incubateur de projet. Celui que nous lançons aujourd’hui apportera à nos jeunes pousses divers services et appuis conseils :
- Des bureaux pour héberger gratuitement les jeunes entreprises, avec en sus les commodités telles que l’internet haut débit
- Un appui à l’affinement des plans d’affaires
- Une mise en relations avec les partenaires potentiels utiles au développement de votre entreprise, y compris avec les banques, les fournisseurs, les acheteurs, et tout autre maillon de la chaine de valeurs de vos produits et services
- Le développement d’un pilote pour tester la viabilité de votre modèle économique
- Le conseil droit des affaires, en communication corporatif et en branding, qui va du développement de votre identité visuelle au positionnement de votre marque,
- Le mentorat et le coaching, au travers des personnes ressources de l’école, notamment des entrepreneurs aguerris, des « business Angels », qui acceptent de consacrer une partie de leur temps à vous apporter leur expertise, à vous monter les raccourcis et en vous signalant éventuellement les pièges de votre secteur. Madame Roby vous a parlé de quelques entrepreneurs emblématiques du réseau des alumnis de Sup ‘Management. C’est un capital humain d’une inestimable valeur, et nous espérons que ce réseau apportera un coaching précieux à nos jeunes pousses.
Qui peut être bénéficiaire des services de Sup’Incub ? Tout étudiant ou tout groupe d’étudiants de Sup ‘Management, quel que soit son niveau d’étude, est potentiellement éligible à Sup’Incub ; à la condition d’avoir une excellente idée d’affaire réaliste et réalisable, dans des secteurs économiques aussi variés que les services, l’agrobusiness, les énergies renouvelables, l’artisanat, le tourisme et l’industrie de la culture, les technologies de l’information et de la communication, les télécommunications etc.
En revanche, tous les projets doivent avoir un dénominateur commun : l’innovation, et mieux que l’innovation, l’efficacité commerciale, car la plus belle idée du monde ne vaut que si elle peut être traduite en une entreprise viable, c’est—à-dire une entreprise qui crée des emplois durables et décents, une entreprise qui génère de la croissance inclusive, et qui apporte des dividendes à ses parties prenantes.
Au final, c’est cela notre vocation : contribuer à créer des emplois et favoriser l’employabilité. Cela implique, à l’avenir, des partenariats publics privés qui permettent de créer des écosystèmes robustes et compétitifs, comme l’on en voit au Rwanda et dans tous les pays qui ont su apporter des réponses adaptées aux défis économiques de leur jeunesse, et aux défis de ce siècle en marche continue.
En somme, pour notre première couvée, l’objectif de Sup’Incub est de permettre à une dizaine d’entreprises d’éclore, de grandir et de voler avec leurs propres ailes. Nous espérons que nos partenaires joindront leurs idées, leurs ressources et leurs expertises aux nôtres pour gagner ensemble cet immense défi de l’emploi et de l’employabilité, dans l’esprit justement d’un partenariat public privé concret, efficace et gagnant-gagnant.
Je vous remercie de votre bienveillante attention.
Mamadou Habib DIALLO, Ph.D
DG Sup ‘Management Mali